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À son arrivée au Caire, Prisse d’Avennes se rendit chez le vice-consul de France afin de se procurer un permis de libre parcours, mais ce dernier se récusa prétextant qu’il était en contravention formelle avec les ordres du Pacha et ne pouvait le protéger en la circonstance. « Vous avez, ajouta-t-il, si bien réussi jusqu’à présent dans une opération qui me semblait impossible, que vous ne pouvez échouer au port. » Ce ne fut qu’à force de précautions et même de ruse, après avoir fait maints détours pour éviter les douanes que Prisse d’Avennes put enfin atteindre Alexandrie le 3 aoôt sans plus d’encombre. En cette cité, il n’eut pas meilleur accueil qu’au Caire, et à son tour, M. Benedetti, gérant le consulat général de France ne voulut entendre parler de quoi que ce soit concernant la Salle des Ancêtres ce n’est seulement qu’après trois jours d’attente, de démarches nouvelles et sur l’insistance de notre savant compatriote qui fit ressortir que les autorités françaises lui devaient protection en la circonstance, qu’en attendant un bâtiment en partance, le gérant du consulat finit par faire déposer les 27 caisses renfermant les fameux bas-reliefs et autres antiquités, dans les magasins du Gouvernement égyptien, plutôt que de les abriter, comme le demandait Prisse d’Avennes, sous le pavillon national. On peut juger combien cette décision, invraisemblable et cette hostilité incompréhensible de la part d’un agent consulaire français auraient pu être funestes à la sécurité de ces vieilles pages graphiques de l’histoire pharaonique si péniblement acquises à la science et à la France, sans l’énergie et la persévérance inlassables que mit mon père pour les sauvegarder envers et contre tous.
Néanmoins, tous les obstacles n’étaient pas encore levés pour le départ du petit sanctuaire de Thoutmès III. Le Pacha avait été instruit de l’enlèvement et s’opposait à sa sortie. Ce ne fut qu’après de nouvelles et nombreuses démarches et une dépense extraordinaire de volonté et d’audace que Prisse d’Avennes réussit, le 15 mai 1844, c’est-à-dire, un an après l’enlèvement, à faire embarquer sur le vapeur Le Cerbire (capitaine Vial), ses 27 caisses d’antiquités portant la mention suivante « Objets d’histoire naturelle destinés au musée de Paris ! » Cette dénomination dont mon père avait revêtu ces précieux bas-reliefs chronologiques les préserva très probablement aussi de bien des atteintes, lorsqu’il fut obligé d’en accepter le dépôt dans les « magasins du gouvernement égyptien », en attendant de France, la réponse de M. Villemain, ministre de l’Instruction publique, auquel il avait écrit plusieurs fois, et entre autres, avant l’enlèvement de la Chambre des rois, le 8 mars 1843, dans cette lettre, Prisse d’Avennes, après avoir appelé l’attention du ministre sur les déprédations de la Commission prussienne (1) et autres personnes qui enlevaient pierre à pierre cette merveilleuse histoire pharaonique tirée de l’oubli par le génie d’un Français, il disait :
« Dans cette Égypte déjà si appauvrie par les dévastateurs musulmans et des spéculateurs européens, une société savante est descendue comme une invasion de barbares pour emporter le peu qui reste des admirables monuments égyptiens. Indigné de toutes ces dévastations auxquelles je ne puis m’opposer, je me suis décidé à solliciter une mission pour faire dans cette débâcle, une part à la France. » Mon père ne recevant pas de réponse de notre ministre, son patriotisme le fit, comme on l’a vu, agir au plus vite sans secours ni appui officiels, couronnant, cependant, de succès son hardi projet. Ce qui ajoute encore au mérite de Prisse d’Avennes, c’est que pour cette entreprise superbe d’audace, il se trouvait, non seulement, devant des rivalités étrangères qui possédaient l’appui de leur gouvernement, lorsque lui était sans soutien, sans mission, mais c’est qu’il avait à peine les ressources strictement nécessaires pour obvier à tout ; son triomphe est celui d’un homme livré à ses seules forces, et puisant son courage dans son amour de la science et de la patrie !

(1) La Commission prussienne qui vint en 1843 en Égypte avait à sa tête le docteur Lepsius qui lui-même donnait l’exemple de la destruction sur ce que l’on ne tenait pas à emporter, ainsi qu’on le verra plus loin à propos d’une colonnette de l’hypogée d’Abd el-Gournah ; de par ces actes, on voit, que les savants allemands ont, de tout temps, été aussi barbares, aussi vandales que les officiers et la soldatesque, et que les déprédations, les destructions systématiques que les troupes boches commirent en 1870 et durant la grande guerre de 1914-1918, ne sont en sorte que la continuation de leur sinistré mentalité qui ne sera, quoi qu’on fasse, jamais amendable (sic : note de Prisse d'Avennes fils).

 
     
  a son arrivee aucaire, prisse d'avennes se rendit chez le vice-consul de france afin de se procurer un permis de libre parcours, mais ce dernier se recusa pretextant qu'il etait en contravention formelle avec les ordres du pacha et ne pouvait le proteger en la circonstance. "vous avez, ajouta-t-il, si bien reussi jusqu'a present dans une operation qui me semblait impossible, que vous ne pouvez echouer au port." ce ne fut qu'a force de precautions et meme de ruse, apres avoir fait maints detours pour eviter les douanes que prisse d'avennes put enfin atteindre alexandrie le 3aout sans plus d'encombre. en cette cite, il n'eut pas meilleur accueil qu'aucaire, et a son tour, m.benedetti, gerant le consulat general de france ne voulut entendre parler de quoi que ce soit concernant la salle des ancetres ce n'est seulement qu'apres trois jours d'attente, de demarches nouvelles et sur l'insistance de notre savant compatriote qui fit ressortir que les autorites francaises lui devaient protection en la circonstance, qu'en attendant un batiment en partance, le gerant du consulat finit par faire deposer les 27 caisses renfermant les fameux bas-reliefs et autres antiquites, dansles magasins du gouvernement egyptien, plutot que de les abriter, comme le demandait prisse d'avennes, sous le pavillon national. on peut juger combien cette decision, invraisemblable et cette hostilite incomprehensible de la part d'un agent consulaire francais auraient pu etre funestes a la securite de ces vieilles pages graphiques de l'histoire pharaonique si peniblement acquises a la science et a la france, sans l'energie et la perseverance inlassables que mit mon pere pour les sauvegarder envers et contre tous.
neanmoins, tous les obstacles n'etaient pas encore leves pour le depart du petit sanctuaire de thoutmes iii. le pacha avait ete instruit de l'enlevement et s'opposait a sa sortie. ce ne fut qu'apres de nouvelles et nombreuses demarches et une depense extraordinaire de volonte et d'audace que prisse d'avennes reussit, le 15mai 1844, c'est-a-dire, un an apres l'enlevement, a faire embarquer sur le vapeur le cerbire (capitaine vial), ses 27 caisses d'antiquites portant la mention suivante "objets d'histoire naturelle destines au musee de paris!" cette denomination dont mon pere avait revetu ces precieux bas-reliefs chronologiques les preserva tres probablement aussi de bien des atteintes, lorsqu'il fut oblige d'en accepter le depot dans les "magasins du gouvernement egyptien", en attendant de france, la reponse de m.villemain, ministre de l'instruction publique, auquel il avait ecrit plusieurs fois, et entre autres, avant l'enlevement de la chambre des rois, le 8mars 1843, dans cette lettre, prisse d'avennes, apres avoir appele l'attention du ministre sur les depredations de la commission prussienne (1) et autres personnes qui enlevaient pierre a pierre cette merveilleuse histoire pharaonique tiree de l'oubli par le genie d'un francais, il disait:
"dans cette egypte deja si appauvrie par les devastateurs musulmans et des speculateurs europeens, une societe savante est descendue comme une invasion de barbares pour emporter le peu qui reste des admirables monuments egyptiens. indigne de toutes ces devastations auxquelles je ne puis m'opposer, je me suis decide a solliciter une mission pour faire dans cette debacle, une part a la france." mon pere ne recevant pas de reponse de notre ministre, son patriotisme le fit, comme on l'a vu, agir au plus vite sans secours ni appui officiels, couronnant, cependant, de succes son hardi projet. ce qui ajoute encore au merite de prisse d'avennes, c'est que pour cette entreprise superbe d'audace, il se trouvait, non seulement, devant des rivalites etrangeres qui possedaient l'appui de leur gouvernement, lorsque lui etait sans soutien, sans mission, mais c'est qu'il avait a peine les ressources strictement necessaires pour obvier a tout; son triomphe est celui d'un homme livre a ses seules forces, et puisant son courage dans son amour de la science et de la patrie!

(1) la commission prussienne qui vint en 1843 en egypte avait a sa tete le docteur lepsius qui lui-meme donnait l'exemple de la destruction sur ce que l'on ne tenait pas a emporter, ainsi qu'on le verra plus loin a propos d'une colonnette de l'hypogee d'abd el-gournah; de par ces actes, on voit, que les savants allemands ont, de tout temps, ete aussi barbares, aussi vandales que les officiers et la soldatesque, et que les depredations, les destructions systematiques que les troupes boches commirent en 1870 et durant la grande guerre de 1914-1918, ne sont en sorte que la continuation de leur sinistre mentalite qui ne sera, quoi qu'on fasse, jamais amendable (sic: note de prisse d'avennes fils).