Michel Baud, Djéser et la IIIe dynastie, collection : « Les grands pharaons », Paris, éd. Pygmalion-Gérard Watelet, 2002, ISBN 2.85704.779.7, 302 pages.

Avec l’ouvrage Djéser et la IIIe dynastie, Michel Baud offre une enquête fournie et détaillée sur le règne de Djéser, pharaon majeur de la IIIe dynastie et initiateur de la construction de la grande pyramide à degrés à Saqqara, premier monument en pierre de l’histoire.

L’introduction « Djéser. La dynastie des pyramides à degrés » (p. 8-11) trace le cadre général dans lequel s’inscrit le règne de Djéser, l’Horus Nétjerikhet 1. Dès ces premières pages, nous entrons immédiatement dans le vif du sujet. Le style alerte de l’auteur est très agréable et le lecteur mesure le sérieux scientifique apporté dans le résumé concis mais précis de la période thinite, regroupant les dynasties « 0 » - adoptée par l’égyptologie moderne à la suite des travaux de Gunter Dreyer - « I » et « II ». Ensuite, l’ouvrage s’articule autour sept grands chapitres : « une dynastie patiemment mise au jour » (I), « une dynastie, cinq rois, un ordre incertain » (II), « Djéser et Imhotep » (III), « la dynastie des pyramides à degrés » (IV), « royauté et État » (V), « des villes aux nécropoles, architecture, art et culture matérielle de la IIIe dynastie » (VI) et aux mages du royaume (VII).

Le chapitre I, «une dynastie patiemment mise au jour» (p. 13-47) est consacré à la redécouverte de Djéser - depuis Jean-François Champollion, l’inventeur de l’égyptologie - et aux grandes étapes des fouilles archéologiques des complexes funéraires de tous les souverains de la IIIe dynastie, dont certains comportent des pyramides. Outre le complexe de Djéser ont, en effet, été mis au jour : - à Saqqara, près de l’angle sud-ouest de l’enceinte du quartier funéraire de Djéser, la pyramide inachevée de l’Horus Sekhemkhet, successeur présumé de Djéser, découverte en 1951-1952 par M.Z. Goneim ; - près de Bêt Khallaf, à 460 km environ au sud de Memphis, le complexe du roi Sanakht dont il ne subsiste qu’un mastaba grossièrement construit en brique ; - il se peut que la pyramide de Zaouiyet el-Aryan (située entre Saqqara et Giza) ait été destinée à la sépulture du roi Khaba ; - au même endroit, Néferka a fait construire les fondations d’un monument funéraire qui n’a jamais été inachevé ; - à Meidoum, situé à quelque 60 km au sud de Memphis, Houni a peut-être fait commencer la grande pyramide qui n’a probablement été achevée que par Snéfrou, le premier roi de la IVe dynastie (2620-2500).

Dans le deuxième chapitre, « une dynastie, cinq rois, un ordre incertain » (p. 48-70), l’auteur reprend le principe de découpage en dynastie - en égyptien Q pr, « maison » -, établi d’après les Ægyptiaca de Manéthon. Il s’avère que les dynasties égyptiennes ne sont pas fondées sur des lignées de sang. Ce sont des groupes de souverains rassemblés, les critères déterminants étant l’emplacement du lieu de la résidence royale et de l’identité du dieu-patron (p. 49). Ainsi, l’auteur approfondit son étude et introduit les notions d’histoire et d’historicité dans l’Égypte ancienne - notions qu’il avait auparavant abordées dans l’article « Les frontières des quatre premières dynasties », Bulletin de la société française d’Égyptologie 149, 2000, p. 32-46 et dans sa communication « Des annales royales aux biographies de particuliers dans l’Égypte du IIIe millénaire : question de format », Événement, récit, histoire officielle. L’écriture de l’histoire dans les monarchies antiques, colloque interdisciplinaire au Collège de France, Paris, 24 et 25 juin 2002 (à paraître).

Dans le troisième chapitre, « Djéser et Imhotep » (p. 71-135), Michel Baud analyse et réétudie les anciennes hypothèses émises sur Djéser et sur Imhotep, architecte et maître d’œuvre du complexe funéraire de Saqqara. Il propose non seulement un état de la question, mais suggère encore de nouveaux axes de réflexion. La titulature royale de Djéser est déjà dotée de quatre noms : - le « nom d’Horus », créé lorsque le roi monte sur le trône : Nétjerikhet (« divin de corps ») ; - le « nom des Deux Maîtresses » ; - le « nom de roi de Haute et Basse Égypte » (nom de couronnement) ; - le « nom d’or » (p. 76-80). Le cinquième nom, celui de « fils de Rê » (nom de naissance), n’apparaîtra qu’à la Ve dynastie. Ces noms ne sont pas encore entourés du cartouche, symbole apotropaïque, qui apparaîtra au cours de l’Ancien Empire. L’assertion que Djéser succéda à Khasekhemouy a été vérifiée grâce aux travaux de l’Institut allemand du Caire qui a repris l’étude de la tombe de ce dernier (p. 80). Par ailleurs, nous retenons la définition du portrait royal dans l’Égypte ancienne (p. 74-75) que donne l’auteur, en reprenant le travail de Jan Assmann 2 ainsi que son enquête sur le rôle de la reine-mère (p. 81-88) 3. Enfin, Michel Baud dresse une présentation du complexe funéraire de Djéser à Saqqara, dominé par la pyramide à degré, et de son constructeur, Imhotep, architecte royal du souverain (p. 95-135). Ce complexe architectural, dont la description détaillée sera établie dans le chapitre IV (p. 136-167), occupe une superficie de 15 hectares ; il était entouré d’une enceinte à redans longue de 545 m et large de 277 m dans son état final. Cette résidence funéraire est constituée d’une partie privée avec le caveau qui a accueilli le corps du défunt, d’une partie officielle et des installations de stockage pour les provisions nécessaires à la survie du roi dans l’au-delà. La pyramide occupait 13000 m2 au sol dans son dernier état. Quant à l’architecte Imhotep, aucun monument lui appartenant en propre n’a été découvert. Ce personnage a été connu pendant longtemps par des documents postérieurs. Il est divinisé dès l’époque saïte et associé à Asclépios, dieu de la médecine, par les Grecs. Ses qualités d’architecte sont célébrées au Nouvel Empire, à l’époque ptolémaïque et romaine.

Dans le chapitre IV, « la dynastie des pyramides à degrés » (p. 136-167), le lecteur dispose d’une analyse très pertinente des théories de construction des monuments de l’ensemble funéraire de Djéser. Ce complexe funéraire marque l’avènement de l’architecture de pierre appareillée. Son enceinte à redans, avec ses saillants et ses rentrants, correspond à la transposition de l’architecture de brique dans la pierre alors que les poutres, les piquets, les colonnes fasciculées... découlent de l’architecture végétale. La pyramide à degrés, symbole de la puissance monarchique est par excellence l’emblème de la IIIe dynastie. Sekhemkhet et Khaba, deux des successeurs de Djéser, ont perpétré la tradition. Snéfrou, fondateur de la IVe dynastie, a poursuivi dans cette voie en construisant d’abord une petite pyramide à Seila dans le Fayoum et une imposante pyramide à Meidoum. Il adoptera ensuite la pyramide à pente lisse - à double pente à Dashour Sud puis à pente rectiligne à Dashour Nord. La pyramide résulte d’une longue tradition architecturale relevant de celle du tumulus (p. 137-138), adopté en Abydos, et de celle du mastaba (p. 139-140), adopté à Saqqara par les rois de la Ire et IIe dynastie.

Dans le chapitre V, « royauté et état » (p. 168-197), Michel Baud propose un état de la question sur la monarchie et l’action royale sous le règne de Djéser. De nombreuses innovations apparaissent durant ce règne. Ainsi, « Djéser est le premier roi dont la titulature intègre le signe du collier à perles en pendentif, la noub (nwb l) » (p. 171). Plus tard, le titre d’Horus d’or (encore appelé le nom de « faucon d’or ») sera rendu par la noub surmontée par un faucon 4. Considéré comme la chair des dieux, l’or exprime donc la divinité royale. En revanche, le cartouche |, « symbole royal, issu du monde divin qui contribue à séparer le monarque du commun des mortels » ne sera connu qu’à la fin de la IIIe dynastie avec le règne de Nebka. En ce qui concerne l’appareil administratif de l’époque, il est à noter que les fonctionnaires exercent simultanément des fonctions cultuelles et purement administratives.

Le chapitre VI, « des villes aux nécropoles. Architecture, art et culture matérielle de la IIIe dynastie « (p. 198-250) est consacré en partie à l’histoire de l’art de la IIIe dynastie et à ses critères stylistiques qui la caractérisent.

Le chapitre VII, « aux marges du royaume » (p. 198-277) présente les relations extérieures égyptiennes sous le règne de Djéser. De par sa position géographique, l’Égypte est un véritable couloir de communication placé au cœur des voies de circulation. De plus, grâce à ses riches ressources naturelles et humaines, l’Égypte est une puissance économique et commerciale prépondérante. Les relations avec la Nubie sont peu documentées. Par ailleurs, la localisation du pays de Iam est encore incertaine. À l’heure actuelle, deux hypothèses sont avancées : la première situe le pays de Iam en Haute-Nubie, dans la région de la IIIe cataracte dont Kerma est le centre majeur ; la seconde tend à placer le toponyme dans les zones désertiques à l’ouest de la vallée du Nil 5. L’auteur aborde également la restauration du groupe « B » nubien 6, contemporain des IIe, IIIe, IVe et Ve dynasties (p. 252-260). D’après l’étude du matériel céramique de Bouhen et d’Éléphantine, la IIIe dynastie correspond à une période de transition du groupe « B ». Pour ce qui est de la région montagneuse du Sinaï, oò les Égyptiens extrayaient la turquoise méfkat (mfkæt), les inscriptions des mines du Ouadi Maghara (la « vallée des cavernes ») s’ouvrent avec la IIIe dynastie (p. 260-269). Le contrôle égyptien s’exerçait sur cette région qui jouait également le rôle de « zone-tampon » entre l’Égypte et le Canaan (p. 270-276). Enfin, un nouveau partenaire commercial apparaît à la fin de la IIe dynastie. Il s’agit de Byblos qui entretient des relations maritimes avec l’Égypte (p. 276-277). Cette cité-État portuaire fournissait du bois de cèdre, bois de grande taille pour la construction de bateaux, la fabrication de meubles et sarcophages et qui intervenait également dans le processus de la momification 7.

Le texte de chaque chapitre est enrichi de notes et de références bibliographiques fournies (p. 281-296). Ces dernières révèlent le long travail de dépouillement qu’a effectué l’auteur en tenant compte des travaux scientifiques récents.

L’unique « bémol » que nous pourrions émettre réside dans la critique de la mise en page, de qualité très moyenne et oò les règles typographiques sont assez malmenées et compliquent la lecture. On regrettera également la mauvaise qualité de reproduction des dessins oò le trait est trop épais et son rendu trop noir... sans parler de l’aspect discutable de la couverture, dont le côté « Égypte mystérieuse » ne rend pas justice au sérieux du travail de Michel Baud. En résumé, la forme se met très mal au service de l’excellence du texte.

Aminata Sackho-Autissier

Chronologie succincte de l’Ancien Empire Ancien Empire vers 2700-2200 avant J.-C.

IIIe dynastie vers 2700-2620 avant J.-C.

Djéser vers 2700-2670 avant J.-C.

Sanakht

Sekhemkhet

un certain noms de rois : Khaba, Nebka...

Qahedjet, peut-être la même personne que Houni 1 À l’Ancien Empire, Djéser était connut sous le nom de Nétjerikhet. La première mention du nom de Djéser date du règne de Sésostris II. Le nom de « Djéser » a été imposé par l’éditeur ; on peut encore trouver ce souverain appelé « Djoser ». 2 Jan Assmann, « Preservation and presentation of self in Ancient Egyptian Portraiture », dans : Studies in Honor of William Kelly Simpson, Boston, 1996, p. 55-81. 3 Michel Baud avait déjà abordé cette question dans sa thèse de doctorat, Famille royale et pouvoir sous l’Ancien Empire égyptien, BdE 126, Le Caire, 1999. 4 La première attestation du titre d’« Horus d’or » est attribué à Khaba au milieu de la IIIe dynastie. 5 Voir notamment N. Grimal, Annuaire du Collège de France 2000-2001, p. 650. 6 Voir l’enquête menée par Brigitte Gratien, « La Basse Nubie à l’Ancien Empire : Égyptiens et autochtones », JEA 81, 1995, p. 43-56. 7 Le bois de cèdre est utilisé en Égypte dès le règne de Snéfrou, dans les échaffaudages intérieurs de sa pyramide à Meidoum. 8 Cette chronologie est reprise du catalogue d’exposition L’art égyptien au temps des pyramides, Paris, galeries nationales du Grand Palais, 6 avril-12 juillet 1999, Paris, RMN, 1999, p. 17. Elle est donnée à titre indicatif en raison de la durée des règnes et le nombre exact des rois qui varient selon les documents qu’ils soient d’époque ou plus tardifs.
 
michel baud, djeser et la iiie dynastie, collection: "les grands pharaons", paris, ed. pygmalion-gerard watelet, 2002, isbn 2.85704.779.7, 302 pages.

avec l'ouvrage djeser et la iiie dynastie, michel baud offre une enquete fournie et detaillee sur le regne de djeser, pharaon majeur de la iiie dynastie et initiateur de la construction de la grande pyramide a degres a saqqara, premier monument en pierre de l'histoire.

l'introduction "djeser. la dynastie des pyramides a degres" (p. 8-11) trace le cadre general dans lequel s'inscrit le regne de djeser, l'horus netjerikhet 1. des ces premieres pages, nous entrons immediatement dans le vif du sujet. le style alerte de l'auteur est tres agreable et le lecteur mesure le serieux scientifique apporte dans le resume concis mais precis de la periode thinite, regroupant les dynasties "0" - adoptee par l'egyptologie moderne a la suite des travaux de gunter dreyer - "i" et "ii". ensuite, l'ouvrage s'articule autour sept grands chapitres: "une dynastie patiemment mise au jour" (i), "une dynastie, cinq rois, un ordre incertain" (ii), "djeser et imhotep" (iii), "la dynastie des pyramides a degres" (iv), "royaute et etat" (v), "des villes aux necropoles, architecture, art et culture materielle de la iiie dynastie" (vi) et aux mages du royaume (vii).

le chapitre i, "une dynastie patiemment mise au jour" (p. 13-47) est consacre a la redecouverte de djeser - depuis jean-francois champollion, l'inventeur de l'egyptologie - et aux grandes etapes des fouilles archeologiques des complexes funeraires de tous les souverains de la iiie dynastie, dont certains comportent des pyramides. outre le complexe de djeser ont, en effet, ete mis au jour: - a saqqara, pres de l'angle sud-ouest de l'enceinte du quartier funeraire de djeser, la pyramide inachevee de l'horus sekhemkhet, successeur presume de djeser, decouverte en 1951-1952 par m.z. goneim; - pres de bet khallaf, a 460 km environ au sud de memphis, le complexe du roi sanakht dont il ne subsiste qu'un mastaba grossierement construit en brique; - il se peut que la pyramide de zaouiyet el-aryan (situee entre saqqara et giza) ait ete destinee a la sepulture du roi khaba; - au meme endroit, neferka a fait construire les fondations d'un monument funeraire qui n'a jamais ete inacheve; - a meidoum, situe a quelque 60 km au sud de memphis, houni a peut-etre fait commencer la grande pyramide qui n'a probablement ete achevee que par snefrou, le premier roi de la ive dynastie (2620-2500).

dans le deuxieme chapitre, "une dynastie, cinq rois, un ordre incertain" (p. 48-70), l'auteur reprend le principe de decoupage en dynastie - en egyptien q pr, "maison" -, etabli d'apres les aegyptiaca de manethon. il s'avere que les dynasties egyptiennes ne sont pas fondees sur des lignees de sang. ce sont des groupes de souverains rassembles, les criteres determinants etant l'emplacement du lieu de la residence royale et de l'identite du dieu-patron (p. 49). ainsi, l'auteur approfondit son etude et introduit les notions d'histoire et d'historicite dans l'egypte ancienne - notions qu'il avait auparavant abordees dans l'article "les frontieres des quatre premieres dynasties", bulletin de la societe francaise d'egyptologie 149, 2000, p. 32-46 et dans sa communication "des annales royales aux biographies de particuliers dans l'egypte du iiie millenaire: question de format", evenement, recit, histoire officielle. l'ecriture de l'histoire dans les monarchies antiques, colloque interdisciplinaire au college de france, paris, 24 et 25 juin 2002 (a paraitre).

dans le troisieme chapitre, "djeser et imhotep" (p. 71-135), michel baud analyse et reetudie les anciennes hypotheses emises sur djeser et sur imhotep, architecte et maitre d'oeuvre du complexe funeraire de saqqara. il propose non seulement un etat de la question, mais suggere encore de nouveaux axes de reflexion. la titulature royale de djeser est deja dotee de quatre noms: - le "nom d'horus", cree lorsque le roi monte sur le trone: netjerikhet ("divin de corps"); - le "nom des deux maitresses"; - le "nom de roi de haute et basse egypte" (nom de couronnement); - le "nom d'or" (p. 76-80). le cinquieme nom, celui de "fils de re" (nom de naissance), n'apparaitra qu'a la ve dynastie. ces noms ne sont pas encore entoures du cartouche, symbole apotropaique, qui apparaitra au cours de l'ancien empire. l'assertion que djeser succeda a khasekhemouy a ete verifiee grace aux travaux de l'institut allemand du caire qui a repris l'etude de la tombe de ce dernier (p. 80). par ailleurs, nous retenons la definition du portrait royal dans l'egypte ancienne (p. 74-75) que donne l'auteur, en reprenant le travail de jan assmann 2 ainsi que son enquete sur le role de la reine-mere (p. 81-88) 3. enfin, michel baud dresse une presentation du complexe funeraire de djeser a saqqara, domine par la pyramide a degre, et de son constructeur, imhotep, architecte royal du souverain (p. 95-135). ce complexe architectural, dont la description detaillee sera etablie dans le chapitre iv (p. 136-167), occupe une superficie de 15 hectares; il etait entoure d'une enceinte a redans longue de 545 m et large de 277 m dans son etat final. cette residence funeraire est constituee d'une partie privee avec le caveau qui a accueilli le corps du defunt, d'une partie officielle et des installations de stockage pour les provisions necessaires a la survie du roi dans l'au-dela. la pyramide occupait 13000 m2 au sol dans son dernier etat. quant a l'architecte imhotep, aucun monument lui appartenant en propre n'a ete decouvert. ce personnage a ete connu pendant longtemps par des documents posterieurs. il est divinise des l'epoque saite et associe a asclepios, dieu de la medecine, par les grecs. ses qualites d'architecte sont celebrees au nouvel empire, a l'epoque ptolemaique et romaine.

dans le chapitre iv, "la dynastie des pyramides a degres" (p. 136-167), le lecteur dispose d'une analyse tres pertinente des theories de construction des monuments de l'ensemble funeraire de djeser. ce complexe funeraire marque l'avenement de l'architecture de pierre appareillee. son enceinte a redans, avec ses saillants et ses rentrants, correspond a la transposition de l'architecture de brique dans la pierre alors que les poutres, les piquets, les colonnes fasciculees... decoulent de l'architecture vegetale. la pyramide a degres, symbole de la puissance monarchique est par excellence l'embleme de la iiie dynastie. sekhemkhet et khaba, deux des successeurs de djeser, ont perpetre la tradition. snefrou, fondateur de la ive dynastie, a poursuivi dans cette voie en construisant d'abord une petite pyramide a seila dans le fayoum et une imposante pyramide a meidoum. il adoptera ensuite la pyramide a pente lisse - a double pente a dashour sud puis a pente rectiligne a dashour nord. la pyramide resulte d'une longue tradition architecturale relevant de celle du tumulus (p. 137-138), adopte en abydos, et de celle du mastaba (p. 139-140), adopte a saqqara par les rois de la ire et iie dynastie.

dans le chapitre v, "royaute et etat" (p. 168-197), michel baud propose un etat de la question sur la monarchie et l'action royale sous le regne de djeser. de nombreuses innovations apparaissent durant ce regne. ainsi, "djeser est le premier roi dont la titulature integre le signe du collier a perles en pendentif, la noub (nwb l)" (p. 171). plus tard, le titre d'horus d'or (encore appele le nom de "faucon d'or") sera rendu par la noub surmontee par un faucon 4. considere comme la chair des dieux, l'or exprime donc la divinite royale. en revanche, le cartouche |, "symbole royal, issu du monde divin qui contribue a separer le monarque du commun des mortels" ne sera connu qu'a la fin de la iiie dynastie avec le regne de nebka. en ce qui concerne l'appareil administratif de l'epoque, il est a noter que les fonctionnaires exercent simultanement des fonctions cultuelles et purement administratives.

le chapitre vi, "des villes aux necropoles. architecture, art et culture materielle de la iiie dynastie "(p. 198-250) est consacre en partie a l'histoire de l'art de la iiie dynastie et a ses criteres stylistiques qui la caracterisent.

le chapitre vii, "aux marges du royaume" (p. 198-277) presente les relations exterieures egyptiennes sous le regne de djeser. de par sa position geographique, l'egypte est un veritable couloir de communication place au coeur des voies de circulation. de plus, grace a ses riches ressources naturelles et humaines, l'egypte est une puissance economique et commerciale preponderante. les relations avec la nubie sont peu documentees. par ailleurs, la localisation du pays de iam est encore incertaine. a l'heure actuelle, deux hypotheses sont avancees: la premiere situe le pays de iam en haute-nubie, dans la region de la iiie cataracte dont kerma est le centre majeur; la seconde tend a placer le toponyme dans les zones desertiques a l'ouest de la vallee du nil 5. l'auteur aborde egalement la restauration du groupe "b" nubien 6, contemporain des iie, iiie, ive et ve dynasties (p. 252-260). d'apres l'etude du materiel ceramique de bouhen et d'elephantine, la iiie dynastie correspond a une periode de transition du groupe "b". pour ce qui est de la region montagneuse du sinai, ou les egyptiens extrayaient la turquoise mefkat (mfkaet), les inscriptions des mines du ouadi maghara (la "vallee des cavernes") s'ouvrent avec la iiie dynastie (p. 260-269). le controle egyptien s'exercait sur cette region qui jouait egalement le role de "zone-tampon" entre l'egypte et le canaan (p. 270-276). enfin, un nouveau partenaire commercial apparait a la fin de la iie dynastie. il s'agit de byblos qui entretient des relations maritimes avec l'egypte (p. 276-277). cette cite-etat portuaire fournissait du bois de cedre, bois de grande taille pour la construction de bateaux, la fabrication de meubles et sarcophages et qui intervenait egalement dans le processus de la momification 7.

le texte de chaque chapitre est enrichi de notes et de references bibliographiques fournies (p. 281-296). ces dernieres revelent le long travail de depouillement qu'a effectue l'auteur en tenant compte des travaux scientifiques recents.

l'unique "bemol" que nous pourrions emettre reside dans la critique de la mise en page, de qualite tres moyenne et ou les regles typographiques sont assez malmenees et compliquent la lecture. on regrettera egalement la mauvaise qualite de reproduction des dessins ou le trait est trop epais et son rendu trop noir... sans parler de l'aspect discutable de la couverture, dont le cote "egypte mysterieuse" ne rend pas justice au serieux du travail de michel baud. en resume, la forme se met tres mal au service de l'excellence du texte.

aminata sackho-autissier

chronologie succincte de l'ancien empire ancien empire vers 2700-2200 avant j.-c.

iiie dynastie vers 2700-2620 avant j.-c.

djeser vers 2700-2670 avant j.-c.

sanakht

sekhemkhet

un certain noms de rois: khaba, nebka...

qahedjet, peut-etre la meme personne que houni 1 a l'ancien empire, djeser etait connut sous le nom de netjerikhet. la premiere mention du nom de djeser date du regne de sesostris ii. le nom de "djeser" a ete impose par l'editeur; on peut encore trouver ce souverain appele "djoser". 2 jan assmann, "preservation and presentation of self in ancient egyptian portraiture", dans: studies in honor of william kelly simpson, boston, 1996, p. 55-81. 3 michel baud avait deja aborde cette question dans sa these de doctorat, famille royale et pouvoir sous l'ancien empire egyptien, bde 126, le caire, 1999. 4 la premiere attestation du titre d'"horus d'or" est attribue a khaba au milieu de la iiie dynastie. 5 voir notamment n. grimal, annuaire du college de france 2000-2001, p. 650. 6 voir l'enquete menee par brigitte gratien, "la basse nubie a l'ancien empire: egyptiens et autochtones", jea 81, 1995, p. 43-56. 7 le bois de cedre est utilise en egypte des le regne de snefrou, dans les echaffaudages interieurs de sa pyramide a meidoum. 8 cette chronologie est reprise du catalogue d'exposition l'art egyptien au temps des pyramides, paris, galeries nationales du grand palais, 6 avril-12 juillet 1999, paris, rmn, 1999, p. 17. elle est donnee a titre indicatif en raison de la duree des regnes et le nombre exact des rois qui varient selon les documents qu'ils soient d'epoque ou plus tardifs.